Prasca de Allegria

au milieu de la place plantée d'eucalyptus
de caoutchoucs de palmiers
une fontaine à deux vasques ornementées
alimente un grand bassin circulaire
dans lequel se désaltère un chien perdu
Monsieur Alvaro Pereira Fratel s'est assis là
sur un banc face à la caserne des bombeiros voluntarios
parfois la brise agite doucement les feuillages sombres
transporte une légère nuée d'embruns tièdes

à sa gauche se dresse la façade de la pension Allegria
derrière les fenêtres entrouvertes du premier étage
il devine sa femme allongée sur les draps
un livre sentimental entre les mains
peut-être pense-t-elle comme lui parfois
aux années passées l'un avec l'autre à leurs corps
chaque jours un peu plus laids
plus lourds plus raides